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Eau et Rivières répond au Président du Marché du Porc Breton

Monsieur le Président,
Plusieurs producteurs nous ont signalé les propos honteux que vous tenez dans la note de conjoncture de juin 2013 publié sur le site internet du Marché du Porc Breton :

« Mais le mal est encore bien plus profond que ça. C’est une véritable Fatwa que quelques
illuminées intégristes ont lancé contre la production porcine il y a maintenant 20 ans. Fatwa très bien suivie par les politiques français, de tous bords d’ailleurs, Fatwa très bien appliquée par une frange de l’administration particulièrement zélée et Fatwa très bien vulgarisée par une partie des médias avides de conflits très vendeurs de papier. Depuis 20 ans, tout a été reproché aux éleveurs, des nitrates aux résidus d’antibiotiques, de la maltraitance à la malbouffe. Il fallait supprimer cette tache de la carte. A chaque nouvelle demande, les éleveurs se sont adaptés, ont investi, ont répondu aux demandes de la société. Ça n’était jamais assez. Pendant que l’état français mettait en route la machine à perdre, d’autres pays ont aidé leurs producteurs à restructurer, à investir, à développer en donnant les moyens d’évoluer. Chez nous, le tout répressif a fait merveille. Les éleveurs sont cassés, démotivés.
Le déclin de la production est enclenché. Et tout d’un coup, « Gross malheur », les entreprises de
l’agroalimentaire commencent aussi à coincer, avec le cortège annoncé de plans de licenciement et de fermetures d’usines. On vient de se rendre compte qu’il faut que des producteurs produisent des cochons pour les usines fonctionnent et que les emplois soient préservés. Nous allons assister aux premiers licenciements massifs Eaux et Rivières ».

Une telle mauvaise foi, doublée d’une myopie intellectuelle rare, est inquiétante.
Elle est d’abord une insulte aux salariés victimes de licenciements et d’une gestion contestable de la filière d’abattage de porcs en Bretagne dont les responsables ont été incapables d’anticiper les difficultés actuelles. Plutôt que de faire des associations le bouc émissaire des crises structurelles de l’agriculture et de l’agro-alimentaire breton, Il serait de votre responsabilité d’expliquer que la surcapacité d’abattage provient notamment des choix de certains groupement de producteurs de procéder à l’abattage de leurs animaux ailleurs qu’en Bretagne. Les salariés de l’abattoir GAD méritent mieux que des mensonges et des caricatures comme explication au drame qui les frappe.
Elle est également une insulte à tous les acteurs économiques bretons, dont l’activité est mise en cause par la dégradation de la qualité des eaux. Faut-il vous rappeler la démission récente du Président du Comité National de la Conchyliculture, votre voisin Goulven BREST, en raison de « l’incapacité de l’état à mettre en oeuvre une politique forte et efficace de reconquête de la qualité des eaux ». Ignorez-vous les dégâts commis par les marées vertes sur le tourisme littoral en Bretagne , malgré les 150 millions d’euros d’argent public investis sur les bassins versants concernés ?
Enfin, de tels propos d’un autre temps sont porteurs d’une violence que les responsables agricoles disaient avoir abandonnée. Comment peut-on en même temps vouloir réconcilier la production porcine avec la société, et tenir de tels propos à l’encontre d’une association, dont les actions, responsables et parfaitement légales, sont particulièrement appréciées de la population bretonne.
Monsieur le Président, vos propos inadmissibles ne peuvent qu’isoler davantage les responsables agricoles et retarder la mise en oeuvre des inflexions indispensables de la filière agricole et agro-alimentaire bretonne. Soyez certain en tous cas, qu’ils ne détourneront pas notre association de ses objectifs d’assurer à notre région un développement durable.
Nous adressons copie de ce courrier à Monsieur le Préfet de Région, Monsieur le Président du Conseil Régional de Bretagne, ainsi qu’à Mesdames et Messieurs les responsables des syndicats de salariés de l’agro-alimentaire. Nous le mettons en ligne sur le site internet de notre association afin que les citoyens puissent juger par eux-mêmes de la hauteur de vos propos.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération attristée.

La Présidente
Pascale LE COUSTUMER

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