Quelques opérateurs coopératifs ont décidé de prendre le prix de référence France AGRIMER comme indicateur pour le calcul de leur prix à payer aux producteurs à la place du prix du Marché du Porc Breton (voir article) qui a toujours fait référence. Certains opérateurs privés y pensent aussi ! Et c’est une fois encore un retour à l’opacité des transactions commerciales qui se fera toujours au détriment des producteurs, contrairement à la confrontation de l’offre et la demande.
Peu d’éleveurs se soucient de ces évolutions sournoises. Pourtant c’est le plus important aujourd’hui pour la défense des prix payés aux producteurs. Certains outils industriels en sont conscients et c’est ce qui les conduit à rejoindre le Marché du Porc Breton en tant qu’opérateur.
Comment est établi cette référence France AGRIMER ?
- A partir des déclarations d’abatteurs, auprès de France Agrimer, des prix qu’ils ont payé aux producteurs la semaine qui précède la déclaration.
- L’échantillon des déclarants est subjectif : les abattoirs qui déclarent représentent dans leur région 40% de la production de leur zone d’activité.
- La somme des déclarants représente au total 50 % des porcs abattus en France qu’ils utilisent ou pas la référence MPB. A terme le MPB pourrait ne quasiment plus peser dans cet indicateur si les opérateurs déclarants ne l’utilisent pas pour le calcul du prix payé.
- C’est donc le prix payé de la semaine N-1 qui vient influencer le prix payé ! et quid du rapport offre-demande !!!
Le prix annoncé est uniquement déclaratif et ne fait l’objet d’aucun contrôle à postériori. Le montant déclaré n’est donc pas transparent. Cette référence peut donc à priori être manipulée par le maillon aval à sa guise sans aucun moyen de contrôle des producteurs !
Quelle est la réelle représentativité de cette référence qui n’est pas une cotation ?
Il faut maintenir une cotation issue de la confrontation entre l’offre et la demande : le MPB !
- C’est un prix départ ferme et non rendu abattoir
- Le prix payé est fixé à la mise en vente et connu au moment du départ des animaux. C’est le choix de PORELIA. Tous les producteurs sont payés sur la même base de prix quel que soit leur taille ou la distance par rapport aux abattoirs.
- Les règles de paiement sont elles aussi connues et transparentes
La majorité des groupements revendiquent défendre ardemment le marché, mais les actes sont différents des paroles : les pourcentages d’apports de chaque OP vont de 2,5 % de leur activité à moins de 15% pour toutes. Seule PORELIA se démarque en apportant certaines semaines plus de 60 % de son offre au MPB ! (voir tableau). C’est donc possible de faire ce qu’on défend.
Il appartient aux présidents de groupements de dire la vérité à leurs producteurs et d’imposer à leur directeur de traduire par des actes leurs positions politiques !
Ce n’est pas en gavant les abattoirs de porcs en direct que le producteur peut espérer la bonne rémunération. Les actions de chacun impactent le collectif et façonnent le statut de l’éleveur de demain :
- S’il choisit de participer à un MPB fort, il restera libre et indépendant dans ses choix d’entreprise
- S’il choisit la contractualisation, avec ou sans groupement, il sera soumis au bon vouloir des industriels.
A chacun de choisir et d’assumer son statut professionnel.
Morgane Rannou – Rachel Richard