Dans son exposé, Thierry Pouch nous a présenté un monde qui s’est complexifié et où les stratégies d’entreprises sont de plus en plus ardues à établir.
Au niveau international ceux qui gouvernent semblent avoir perdu le sens commun et chaque décision qu’ils prennent redistribue les cartes. Le populisme se développe à tout va. Les décisions unilatérales ou la force remplacent la diplomatie, ce qui remet en cause les équilibres mondiaux que nous connaissions depuis des décennies.
Notre pays n’est pas en reste avec les positions extrémistes de quelques minorités. Nous vivons désormais dans un monde où les décisions sont prises pour satisfaire quelques-uns et surtout pour ne pas faire de vague.
Et notre filière n’est pas épargnée.
Pour satisfaire les bobos, la loi d’orientation agricole a été vidée de tout son contenu. Nous sommes loin des effets d’annonce promettant les simplifications pourtant plus que nécessaires pour les procédures en lien avec l’élevage. Malgré tout le travail de lobbying fait au niveau régional et national, le cadre réglementaire aujourd’hui s’est considérablement durci pour les éleveurs avec la mise en œuvre de la loi « industrie verte ».
La contestation par quelques personnes et les pétitions contre les projets de modernisation d’élevage, souvent portées par des jeunes éleveurs motivés, sont devenues monnaie courante.
Les associations anti-animalistes font beaucoup de bruit en jouant uniquement sur l’affect et empêchent surtout que le sujet de fond, à savoir quelle sera l’alimentation des Français demain, soit traité de façon objective et rationnelle.
Aujourd’hui, l’éleveur est le premier maillon de la chaine alimentaire et il se sent souvent bien seul.
Force est de constater que notre collectif s’essouffle. Notre filière porcine est lentement en train de changer de visage. L’intérêt individuel a pris le pas sur l’intérêt de tous. De plus en plus d’organisations vivent désormais pour elles-mêmes et non plus pour tous leurs adhérents. Pour préserver leurs volumes et leur finance, elles valident le fait que certains de leurs éleveurs bénéficient de passe-droit, et ce au détriment des autres.
Elles ont tort. Cette vision à très court terme est en train de transformer notre métier de chef d’entreprise en celui de producteur de minerai.
La gestion du dossier mâle entier en est la preuve. Voilà 4 ans que le sujet est sur la table. Cette production représente plus de la moitié des porcs produits en France en 2025. Pourtant, elle reste caractérisée comme un cahier des charges que chacun rémunère à sa façon !
Moins 4 pour ceux qui participent à la cotation collective et 0 voire + quelques centimes pour d’autres sous prétexte qu’ils font des camions complets ou un peu de volume.
L’équité et la transparence sont en en train de disparaitre au profit de traitements préférentiels pour certains. A ce jeu-là, nous serons très rapidement tous perdants.
Il en est de même face aux minorités qui dénoncent nos pratiques. Si les images mises en ligne sur les réseaux sont toujours issues d’élevages ou d’abattoirs, c’est toute une filière qui s’écroule si ces derniers disparaissent. Et ce n’est pas en pointant du doigt les premiers maillons de la filière, en pressurisant les éleveurs que nous solutionnerons les problèmes. Bien au contraire.
Nous, éleveurs de porcs, faisons un beau métier et nous en sommes fiers.
Avec les autres filières agricoles, nous sommes le socle de la souveraine alimentaire de notre pays.
Avec les industries agro-alimentaires, nous sommes aussi le socle de notre économie régionale.
Nous savons produire plus tout en garantissant de la qualité et en répondant aux attentes sociétales. Cela est scientifiquement prouvé et enfin reconnu par certains de nos élus qui prennent clairement position pour défendre nos dossiers.
Quoi qu’en disent certains, nous aimons nos animaux et nous les élevons dans le respect de leur bien-être et sans oublier le nôtre.
Nous faisons un métier guidé par des valeurs : travail, effort, solidarité, équité et bien d’autres guident nos choix d’entreprise jour après jour.
Aussi, ne nous trompons pas de combat.
Prenons de la hauteur et les problèmes à bras le corps. Pour ce faire, notre filière a des outils collectifs que les autres productions nous envient.
- Les organisations de producteurs pour commercialiser équitablement et en toute transparence la production de ses adhérents tout en leur apportant un soutien technique performant
- Le MPF pour définir le meilleur prix possible pour tous les éleveurs et l’ensemble de la filière
- UNIPORC pour garantir qu’1 kilo fasse 1 000 grammes partout et faire évoluer la grille pour que la qualité des carcasses corresponde à l’attente de nos clients abatteurs
- L’AOP pour négocier avec nos partenaires et bénéficier des fonds européens
- Le Cochon de Bretagne, seule marque appartenant aux producteurs, pour mieux revaloriser nos produits de qualité
- L’UGPVB pour être l’interlocuteur avec les organismes publiques et privés notamment sur tous les sujets environnementaux
- Le CRP pour promouvoir notre métier partout où cela est nécessaire
- Et INAPORC pour mieux défendre la filière dans toute sa globalité
De grands défis sont devant nous. Ce n’est pas en se repliant sur soi que nous allons les relever. Les travaux effectués au MPF cet hiver ou à UNIPORC actuellement prouvent que c’est en discutant ensemble que nous pouvons faire avancer les dossiers dans l’intérêt de tous.
Les jeunes adhérents de la coopérative ont partagé avec vous leur motivation et leur vision du métier. Tout comme leurs collègues moins jeunes, ils se projettent pleinement dans ce métier qui a du sens. Le nombre d’infrastructures réalisées en 2024 et sur ce premier semestre en sont bien la preuve.
A Porelia, nous ne voulons pas revenir 50 ans en arrière et laisser nos adhérents devenir des producteurs de minerais à la botte d’organisations quelles qu’elles soient. Nous voulons pérenniser nos élevages familiaux où l’éleveur de porcs reste un chef d’entreprise libre de choisir ses partenaires, tout en travaillant dans le respect de la réglementation, de son environnement et de ses voisins. C’est le seul schéma qui donnera envie à d’autres de nous rejoindre pour faire ce beau métier dans une filière solide.
C’est ce à quoi le Conseil d’Administration et tous les collaborateurs de la coopérative travaillent jour après jour pour que Porelia reste une coopérative au service de tous ses adhérents avec pour seule ambition la défense permanente du revenu de l’éleveur.
Morgane Rannou