Les agriculteurs doivent être reconnus pour les services rendus à l’environnment !

Alors que l’Assemblée Nationale vient de commencer l’examen du projet de loi relatif à la biodiversité, Thierry MERRET, président de la FDSEA du Finistère, revient sur la notion de services écosystémiques.

Il s’exprime dans le magazine TERRA du 18 juillet 2014.thierry merret

Si ce énième texte en discussion peut nous sembler encore lointain, voire abstrait, les conséquences pourront, elles, devenir très vite concrètes pour nos exploitations ! Si, à ce stade des discussions, il y a heureusement des points positifs pour l’agriculture, grâce aux amendements proposés par la FNSEA et son réseau, nous allons encore devoir batailler dur contre les points négatifs : encore des interdictions, des contraintes, des établissements publics, des syndicats mixtes… Mais, ce qui doit nourrir aujourd’hui nos inquiétudes, c’est l’introduction de la notion de services écosystémiques. Encore un concept lointain me rétorquerez-vous ! Certes, mais il doit attirer toute notre vigilance. Car la notion de service écosystémique correspond « à l’ensemble des services que procurent les écosystèmes au bien-être des humains »1. Cela sous-tend que l’homme n’a pas sa place dans la production de services écosystémiques. Au contraire, l’homme serait un « nuisible » pour les écosystèmes, pour la biodiversité, et il convient alors de l’en exclure !

L’agriculture créatrice de biodiversité, de biodiversité nourricière

Face à une telle définition, il semble inconcevable d’imaginer que l’agriculteur, qui vit et travaille avec la nature, puisse rendre des services à l’environnement. Pourtant, la réalité de nos exploitations, ce sont bien les talus, les haies, les prairies… autant d’éléments porteurs de biodiversité, qui plus est nourricière ! Les agriculteurs doivent être considérés et reconnus pour les services qu’ils rendent à l’environnement. Le pari est audacieux, mais c’est un enjeu majeur pour l’avenir de nos exploitations.

Car si nous ne nous saisissons pas rapidement des services environnementaux, d’autres le feront à notre place, avec la volonté d’évincer l’agriculteur de la nature. Ce qu’ils veulent ? Ni plus ni moins un retour de la nature à l’état originel, quand les sites étaient vierges de tout impact humain. Ils veulent faire de la nature un sanctuaire, où les hommes ne seraient plus que des gardiens de musée. A croire que, demain, ils voudraient faire de nos terres agricoles finistériennes un Jardin des Plantes, comme à Paris !

L’innovation bridée, au nom d’un principe de précaution dévoyé

L’idéologie qui tend à faire croire que l’homme est un nuisible pour les écosystèmes relève de délires démagogiques d’une élite. Sauf que celle-ci ne se contente plus de philosopher. Elle fait. Elle œuvre au plus haut niveau de l’Etat pour concrétiser son idéologie, pendant que ceux qui vont subir se taisent, parce qu’ils ignorent ce qui se trame. C’est insupportable ! Et c’est cette même élite qui empêche l’innovation, au nom d’un principe de précaution totalement dévoyé. C’est ainsi que l’on empêche les agriculteurs de valoriser ce qui, pour certains, est considéré comme les « effets de la pollution agricole ». On refuse l’utilisation des algues vertes, dont la prolifération est inconnue, mais dont on sait que l’on peut en faire une ressource. Il y a plus d’un an, Stéphane Le Foll et Delphine Batho venaient en grande pompe annoncer plus de 1000 méthaniseurs : où sont-ils ? De la même manière, la cogénération en serres n’avance pas, malgré nos propositions depuis plus de 5 ans.

Parler de transition énergétique, pourquoi pas ? A la condition de nous laisser entreprendre et innover, et de ne pas avoir en permanence quelques personnes ou associations qui entravent nos projets !

1Va-t-on laisser une place à l’homme dans l’environnement ?, Carole Zakine, Saf agr’idées, http://wikiagri.fr/articles/va-t-on-laisser-une-place-a-lhomme-dans-lenvironnement-/1179

 Thierry Merret, Président de la FDSEA du Finistère

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