Nous évoquions la semaine dernière les accords sur le TTIP en cours de négociation et les grandes inquiétudes qu’elles suscitent. Retrouvez ci dessous un article publié par COOP de France et qui n’est pas plus rassurant d’autant que le sujet majeur des normes n’est pas abordé.
Accord UE-CANADA : la viande sacrifiée.
Le 18 octobre à Bruxelles, le premier ministre canadien et le Président de la Commission européenne ont paraphé en grande pompe un accord de libre-échange, se félicitant réciproquement des retombées positives pour chacun des signataires. Mais à quel prix ? Les producteurs de lait au Canada et les producteurs de viande en Europe vont payer les pots cassés.
Une fois de plus les contradictions de la politique européenne s’étalent au grand jour. N’a-t-on pas de scrupules à aller chercher à l’extérieur quelques points de croissance, quitte à perturber aussi les marchés Outre-Atlantique, sans réfléchir à relancer la machine économique européenne ? Croire que ces accords sont la solution à nos faiblesses économiques internes est une illusion.
La Commission accepte, comme une fatalité, de sacrifier la filière viande au profit de secteurs considérés comme porteurs de croissance. Mais nous ne sommes pas à la Bourse et se couper un bras ne sauvera pas le portefeuille d’actions. Dans le secteur de l’agriculture, se couper un bras, c’est se priver d’une ressource génératrice de valeur ajoutée et d’emplois. C’est accepter de se passer d’un approvisionnement de qualité et sécurisé. Or, on ne joue pas avec l’alimentaire.
La signature de cet accord bilatéral donne l’impression que l’Union européenne se comporte comme une multinationale prête à se séparer d’une filiale pour signer un marché plus lucratif par ailleurs. C’est oublier que l’union européenne est une zone économique avec des emplois et une vision de la société qui lui est propre. L’agriculture s’inscrit dans cette vision en répondant aux demandes sociétales des européens ; elle y a une place pleine et entière. Il ne faut pas la reléguer au second plan de priorités économiques plus globales.
On peut aussi s’interroger sur le rôle de nos représentants politiques européens. La viande a-t-elle si mauvaise presse qu’aucun ne s’élève pour défendre cette filière ?
La signature de cet accord est un coup bas porté à la filière viande française qui a besoin de toutes ses ressources pour sortir de la période de grandes difficultés qu’elle traverse actuellement. A quoi serviront les plans de relance nationaux s’ils sont taclés par des accords au niveau européen ?
Jacques POULET
Coop de France, 18 octobre 2013