Et Maintenant, on fait quoi ?

Depuis plusieurs mois, voire années, notre production traverse une crise sanitaire sans précédent ; je cite la Fièvre Porcine Africaine. Elle sévit de façon très marquée dans les élevages domestiques dans les pays asiatiques, et surtout en Chine qui avant la crise produisait 50 millions de tonnes de viande de porc, soit 50 % de la production mondiale.

Plus près de chez nous, l’épidémie avance. Après la Belgique il y a 2 ans, c’est l’Allemagne, le plus gros pays producteur en Europe qui est désormais touchée. Impossible à ce jour de prédire les conséquences sur les équilibres commerciaux intra-européens internationaux. Seule certitude pour le moment, 800 000 tonnes de viande exportées sur les pays tiers par les allemands vont se rabattre sur le marché européen en grande partie. Des opportunités peuvent s’ouvrir pour d’autres pays à l’export, dont la France, mais, plus que jamais, l’étiquetage d’origine doit battre son plein auprès du consommateur et de la grande distribution.

Ce qui est vrai dans le porc, l’est tout autant chez les humains quand il s’agit de virus. Cette pandémie Covid19 qui sévit sur la planète depuis fin 2019, aurait dû ramener la société aux fondamentaux, ce dont je doute fort hélas. Souvenons-nous, au début de confinement, les remerciements fusaient de toute part en direction du personnel soignant, des caissières et des agriculteurs qui nous nourrissent : c’est important quand même « la souveraineté alimentaire ». Où en sommes-nous aujourd’hui ? Loin, bien loin de ces belles paroles. A la base on se doutait bien qu’il en serait ainsi !

Notre société vogue au fil de l’eau, des réseaux sociaux, se nourrit de la presse à scandale et s’autodétruit au fil du temps. Ou est le monde d’après ?

Les exemples sont nombreux avec toutes ces associations extrémistes qui dénigrent, sans connaître, notre agriculture, notre travail.

Certains parlementaires, inconscients de leurs actes et de leurs paroles, à la recherche permanente de voix pour les élections futures, sont leur relais et leur apporte un soutien inacceptable ! Dernier exemple en date, la pétition en soutien à l’organisation d’un référendum d’initiative partagée pour la protection des animaux dont une de revendications est la sortie de l’élevage tel qu’on le pratique : plus de 140 parlementaires s’y sont joints ! Je ne commenterai pas les propos du député Lansonneur de Brest qui compare nos élevages familiaux à un « holocauste » et ceci en pleine pandémie Covid19, alors que des personnes de sa ville perdent la vie : ignoble !

Ce constat de misère amène la question : et maintenant, on fait quoi ?

Au siècle dernier, Joseph Schumpeter, économiste autrichien renommé, analysait la classe politique de la façon suivante : « le réflexe, même inconscient, de tout homme politique soucieux d’être élu sera toujours de promettre d’avantage aux consommateurs et d’en faire supporter le coût par les producteurs entrainant ceux-ci à une impasse économique ». Rien n’a changé ! Le dossier castration qui sort des tiroirs juste avant les élections municipales, la caudectomie …

De toute évidence, et malgré tous les discours entendus durant le confinement, notre souveraineté alimentaire n’est pas un souci pour nos gouvernants. Ils ne s’en inquièteront réellement que quand la France, grand pays agricole par excellence, sera dos au mur, et l’on y va tout droit !

A PORELIA, nous sommes catégoriques et affirmons que les responsables politiques devront revoir leur copie, leur discours, leurs actes en revenant à l’essentiel, en ayant à l’esprit compétitivité, distorsions de concurrence et non pas écouter les donneurs de leçon qui souhaitent la mort de l’élevage en France.

Alors que nous discutaillons des objets manipulables minimes, sous optimaux et j’en passe, en Chine, se montent de vrais bunkers à cochons, hauts de neuf étages qui demain seront compétitifs et envahiront nos marchés.

Les deux dernières années ont été favorables économiquement pour les producteurs  grâce au déséquilibre offre-demande mondial. On en connait la raison principale. Ce contexte ne doit pas nous faire oublier les missions technico-économiques de nos services qui accompagnent les éleveurs dans la recherche des meilleurs prix de revient aujourd’hui et demain.

Quoiqu’on en dise, notre filière, avec ses faiblesses, est organisée autour des organisations de producteurs, du MPB et d’Uniporc, qui doivent retrouver un nouveau souffle pour préparer l’avenir, et ainsi donner envie aux jeunes de rentrer dans le métier en qualité de chef d’entreprise et non pas d’éleveur soumis aux désidératas de leur amont-aval et de leur groupement.

Dans ce sens, PORELIA, fidèle à ses valeurs, œuvre pour regrouper les organisations amont autour d’une AOP dans l’objectif de redonner un pouvoir plus fort dans la négociation commerciale au producteur. Le projet n’avance pas à l’allure que nous souhaiterions, certains trainent des pieds. Attendent-ils que la filière  touche le fond ?

Comme disait Winston Churchill : « ce qu’il y a d’intérêt à propos du fond, c’est que vous ne pouvez pas vous enfoncer plus profondément ». Le problème à ce jeu là, est que ce sont tous les éleveurs qui paient, leurs adhérents y compris, et à terme la filière. Ce dossier monopolise beaucoup d’énergie depuis des mois et, PORELIA dans l’intérêt de tous les éleveurs du grand-ouest souhaite le voir aboutir le plus tôt possible.

François POT Président de PORELIA

Conclusion Assemblée Générale Septembre 2020

 

 

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