Réflexion de Nicolas Miguet : l’embargo actuel est un exemple
Dans les dix prochaînes années, il conviendra de faire des choix. Les Etats-Unis quittent l’Atlantique (au grand regret de leur ancienne puissance coloniale l’Angleterre) et se tournent de plus en plus vers le Pacifique (où ils ont remplacé les Anglais en Australie et en Asie du Sud-Est) et l’Amérique du Sud. Leur toute nouvelle suffisance énergétique fera qu’ils vont progressivement quitter le Moyen-Orient (au grand dam d’Israël) et vont chercher à répondre au défi chinois en Afrique, continent qui sera le plus peuplé du monde plus vite qu’on ne le pense. La Chine et l’Inde reprennent assez vite leur dimension historique de grandes puissances économiques et géopolitiques. Si l’Inde se réconcilie avec le Pakistan, l’ensemble de l’ex-empire des Indes sera vite la première puissance mondiale, des frontières afghanes à l’antique royaume du Siam, du Népal au Sri Lanka. L’Inde fait des “petits pas” remarqués dans cette voie. La France ne règnant plus sur un empire comptant 5% de la population du monde doit faire des choix si elle veut continuer à compter.
L’immense Russie, consciente de son nanisme démographique (moins de 2% de la population mondiale, 120 millions d’habitants en Europe et à peine plus de 20 millions en Asie), s’est redressée sous le long règne du nouveau Tsar qu’est Poutine, en s’appuyant sur les bases de son histoire : religion orthodoxe (et défense de la chrétienté), panslavisme (aidé par les 60 millions de Russes établis hors de Russie) et course vers les mers chaudes (Mer Noire, Méditerranée, golfe Arabo-Persique). Les sanctions européennes dans l’affaire ukrainienne poussent les Russes dans les bras des Chinois, au moment où l’Inde se détourne de la Russie pour se rapprocher de l’Europe. La France (pour l’instant) assure l’essentiel de l’effort de défense de l’Europe, l’Allemagne s’estimant disqualifiée pour ce travail ingrat. La France essaye tant bien que mal de réparer ses erreurs en Afrique (la guerre contre la Libye a ouvert la boîte de Pandore, après nos erreurs dans les grands lacs sous Mitterrand), mais n’a guère de moyens. Il est temps pour nous de pousser l’Europe à s’allier fortement avec la Russie plutôt qu’avec les Etats-Unis, pour forger un axe double. Eurasiatique, car la Russie est un pont vers l’immense Asie et aussi Eurafricain, car si nous n’aidons pas l’Afrique à décoller, nous y perdrons notre âme et notre identité. Flanby 1er ne connaît pas le monde, n’ayant presque jamais voyagé avant de devenir Président de la République. Il ne connaît que très mal l’Histoire et il ne faut pas compter sur lui pour construire cette forte alliance logique avec la Russie.